“Avec ça, ça y est, il est réélu !” Je ne sais pas d’où sort l’idée qu’un bébé de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni serait une autoroute pour 2012, et pourtant, bon dieu, on l’entend souvent depuis les rumeurs qui annoncent un héritier à l’Elysée.
Que ceux qui imaginent déjà les électeurs attendris, retournés par des images d’un petit John John Kennedy jouant sous le bureau de son père, reviennent sur terre. Un enfant n’aura pas le même effet sur la popularité de Sarkozy.
Il faudrait d’abord en finir avec la fiction qui voudrait que Carla Bruni ait “arrondi” l’image du président. Ce cliché d’un sexisme confondant vendu par l’ancien conseiller Pierre Charon aux médias est tout simplement faux. C’est en fait au moment où Nicolas Sarkozy et Carla Bruni proclament leur amour à Disneyland que la cote de Nicolas Sarkozy passe en dessous des 50%. “Avec Carla c’est du sérieux.” Ils se marient. Moins 8 points. Sa popularité ne remontera pas.
Carla Bruni personnifie ce que la soirée du Fouquet’s avait éclairé : le Président appartient à un autre monde et vit déconnecté des Français. Un bébé ? Ce serait encore plus basculer dans les pages People, qui ont déjà beaucoup coûté à Nicolas Sarkozy.
Passons sur les blagues des humoristes qui en disent déjà long sur les résistances au conte de fée (Canteloup sur Europe 1 : Carla est enceinte de combien ? D’un seul : Nicolas Sarkozy).
Plus sérieusement, la France, progressiste en matière de couple, reste bien plus traditionnelle en ce qui concerne la construction familiale. Il suffit de lire le dernier article de Elle sur ces pères qui ont une deuxième fournée d’enfants en même temps que leurs aînés pour se faire une idée de la vision dominante sur le sujet (des familles sans repères ! des enfants perturbés !)
Les grossesses tardives, c’est comme la chirurgie esthétique, c’est bon pour Hollywood.
Carla Bruni a 43 ans, un âge où la fertilité est tellement basse qu’en France, les FIV (fécondations in vitro) ne sont prises en charge par la Sécurité sociale que jusqu’à 42 ans. Imagine-t-on les débats dans la presse féminine ? Le docteur François Olivennes et d’autres pontes de la procréation assistée interrogés sur la pertinence de cette limite d’âge ? Ce n’est plus un heureux événement à ce stade, mais un appel à réviser les lois bioéthiques françaises (et tant mieux). Rien qui ne fasse marquer des points politiquement en tout cas.
Plutôt que de ramollir l’électeur, le Sarkobébé risque surtout de passer pour un caprice de riches. Une face de Sarkozy qui le plombe déjà assez politiquement.
Seul avantage politique de cette grossesse, elle offrirait une sortie par le haut au Président pour ne pas se représenter. “Je vais me consacrer à ma famille…”
Guillemette Faure
Photo : ARM’s Reach Photography/Flickr